Une nomination qui défie la loi
Alors que le pays traverse l’une des périodes les plus critiques de son histoire contemporaine, entre crise sécuritaire, effondrement des institutions et perte de confiance généralisée, une décision politique vient une nouvelle fois jeter une ombre inquiétante sur l’indépendance de la justice haïtienne.
Le Conseil présidentiel de transition, censé incarner une rupture avec les pratiques douteuses du passé, vient de procéder à la nomination de M. Gérald Remplais à la tête de l’Administration générale des Douanes (AGD). Un poste névralgique, stratégique, au cœur des flux économiques du pays — mais désormais entaché d’une nomination pour le moins sulfureuse.
Car Gérald Remplais n’est pas un fonctionnaire ordinaire. Il fait actuellement l’objet d’une ordonnance d’un juge d’instruction le liant à une vaste affaire de trafic d’armes, dans laquelle l’Église épiscopale d’Haïti est également mise en cause. Un dossier explosif, qui aurait dû appeler à la plus grande prudence — voire à la mise à l’écart immédiate de l’individu concerné, au nom du respect des institutions républicaines.
Un acte de défiance envers la justice
Ce qui aurait pu passer pour une grave erreur d’appréciation administrative prend désormais les allures d’une rébellion judiciaire ouverte. Selon les informations vérifiées par le Réseau Haïtien des Journalistes Anti-Corruption (RHAJAC), Gérald Remplais a ignoré une convocation formelle de la Cour d’appel, sans justification. Ce refus de se présenter devant la justice constitue, selon les termes du Code d’instruction criminelle haïtien (articles 24, 25 et 77), un acte de rébellion judiciaire, punissable par la loi.
Plus encore, cette insubordination n’est pas anodine : elle intervient alors que la personne concernée est formellement désignée dans un dossier criminel susceptible de menacer la sécurité nationale.
Dans n’importe quel pays attaché à la préservation de l’ordre juridique, une telle situation aurait immédiatement entraîné la suspension de la nomination, voire une mesure coercitive visant à assurer la présence de l’inculpé devant le tribunal compétent. En Haïti, elle semble, pour l’instant, rester lettre morte.
La voix du RHAJAC : alerte, mobilisation, et exigence
Dans un communiqué officiel publié ce 22 septembre, le RHAJAC condamne fermement cette nomination, qu’il qualifie de « dangereux précédent », et appelle les autorités judiciaires à agir sans délai.
« Il ne peut y avoir de justice à deux vitesses, ni de postes publics entre les mains d’individus inculpés pour des faits aussi graves », martèle Djovany Michel, Secrétaire général du RHAJAC.
Les exigences du Réseau sont claires :
- Une interdiction de départ immédiate contre Gérald Remplais, pour éviter toute tentative de fuite à l’étranger ;
- L’émission d’une ordonnance de prise de corps, conformément aux dispositions du Code d’instruction criminelle, pour que l’inculpé soit arrêté et conduit devant un juge.
À travers ces demandes, le RHAJAC ne fait que rappeler l’application stricte de la loi, sans pression politique ni manœuvre dilatoire. L’organisation rappelle également que le silence ou l’inaction des autorités équivaudraient à une complicité tacite avec des réseaux qui œuvrent à la dislocation des institutions et à l’érosion de la confiance publique.
Une justice à l’épreuve de sa propre survie
Cette affaire met crûment en lumière les failles béantes de notre système judiciaire. Lorsque la loi est ignorée au plus haut niveau de l’État, lorsque des individus mis en cause dans des affaires criminelles sensibles accèdent à des fonctions stratégiques sans que cela ne suscite de réaction immédiate, c’est toute l’architecture démocratique qui vacille.
Aujourd’hui, les institutions sont face à un choix historique : appliquer la loi dans toute sa rigueur, sans privilèges ni protections, ou céder à l’arbitraire et à l’impunité.
La société civile ne détournera pas le regard
Dans un contexte où les réseaux criminels gagnent du terrain, et où les frontières entre politique, économie et criminalité se brouillent dangereusement, le rôle des journalistes, des avocats, des juges intègres, et des citoyens engagés est plus que jamais essentiel.
Le RHAJAC appelle donc à une mobilisation nationale, mais aussi internationale, pour rappeler que la démocratie ne peut pas se construire sur l’impunité, l’oubli ou la complicité silencieuse.
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