Port-au-Prince, 13 octobre 2025 — Par la Rédaction RADIO TV MFMY+
Dans un contexte où la peur tente une fois de plus de faire taire la vérité, le Collectif contre la corruption a salué l’arrivée au cabinet d’instruction du dossier explosif sur le trafic d’organes, la corruption et les abus de pouvoir, tout en dénonçant avec vigueur les menaces qui pèsent sur les journalistes et militants engagés dans la défense de la probité publique.
Selon la note publiée ce lundi, cette avancée judiciaire marque une étape cruciale dans la quête de justice et de transparence en Haïti. Le collectif rappelle qu’il figure parmi les organisations ayant officiellement porté plainte contre plusieurs personnalités publiques — dont Moïse Jean-Charles, Walson Sanon et Betty Lamy — pour des faits présumés de corruption aggravée, détournement de fonds publics et trafic d’influence, au détriment du peuple haïtien.
Un dossier explosif, au cœur d’un climat de menaces
L’ouverture de cette instruction judiciaire ne se déroule pas sans tension. Depuis plusieurs semaines, des menaces explicites circulent contre des figures de la société civile qui réclament justice. Parmi elles, le journaliste Djovany Michel, secrétaire général du Réseau haïtien des journalistes anti-corruption (RHAJAC), est directement visé par des intimidations et pressions inquiétantes.
Connu pour ses enquêtes rigoureuses sur les réseaux de détournement de fonds et de trafic d’organes opérant sous couverture d’institutions publiques, Djovany Michel est devenu une figure symbolique de la résistance contre la corruption en Haïti. Son engagement constant, souvent au péril de sa vie, lui a valu autant de respect que d’ennemis.
Le Collectif contre la corruption dénonce avec force cette campagne d’intimidation et appelle les autorités judiciaires, la Police nationale d’Haïti ainsi que les organisations internationales de défense des droits humains à garantir la sécurité du journaliste et de tous les défenseurs de la transparence.
Une lueur d’espoir dans un paysage judiciaire fragilisé
Pour le Collectif, la décision de la justice haïtienne de poursuivre l’instruction de ce dossier sensible témoigne d’un sursaut d’indépendance et d’une volonté de briser l’impunité.
Dans un pays où les affaires de corruption finissent trop souvent enterrées, cette démarche est perçue comme un signal fort : celui que la justice peut encore exister, même sous la menace.
« Nous saluons le courage des magistrats qui ont choisi de faire leur travail malgré les risques, les pressions et les intimidations politiques », indique la note, tout en rappelant que seule une justice forte et indépendante pourra restaurer la confiance des citoyens dans les institutions publiques.
Une exigence morale et nationale
Au-delà des plaintes déposées et des enquêtes en cours, le Collectif contre la corruption affirme sa détermination inébranlable à poursuivre le combat pour la vérité et la responsabilité publique.
Son coordonnateur général, William Evens Josma, insiste : « La corruption n’est pas seulement un crime économique, c’est un crime contre la nation. Elle tue la confiance, détruit les services publics et condamne tout un peuple à la misère. »
Le Collectif invite ainsi toutes les forces morales du pays — magistrats, journalistes, enseignants, étudiants, entrepreneurs — à unir leurs efforts pour bâtir un État fondé sur la justice et la probité.
Un appel à la conscience collective
Dans un pays éreinté par des décennies d’abus et d’impunité, chaque pas vers la vérité reste un acte de courage.
La société haïtienne, lasse des scandales étouffés et des enquêtes sans suite, voit dans cette affaire une nouvelle opportunité de tourner la page.
Mais pour que cette lueur d’espoir ne s’éteigne pas, il faut protéger ceux qui osent parler, enquêter et dénoncer.
Le Collectif contre la corruption, tout comme le RHAJAC, en appelle à une solidarité nationale et internationale autour de ces défenseurs de la vérité. Car en Haïti, lutter contre la corruption, c’est souvent risquer sa vie pour que la justice puisse, un jour, respirer à nouveau.