Dans un pays déjà meurtri par une insécurité chronique, les citoyens haïtiens sont de plus en plus nombreux à dénoncer un paradoxe douloureux : ceux qui sont censés les protéger semblent parfois adopter les mêmes méthodes que ceux qu’ils combattent. Entre intimidations, abus d’autorité, comportements violents et bavures impunies, certains éléments de la Police Nationale d’Haïti (PNH) brouillent dangereusement la frontière entre ordre et chaos.
Il n’est plus rare, dans les rues de la capitale comme dans les villes de province, de croiser des policiers lourdement armés, en civil ou en uniforme, arborant un comportement plus proche de celui d’un chef de gang que d’un agent de l’ordre public. Certains n’hésitent pas à se promener dans les quartiers populaires avec une attitude provocante, « sapat » au pied, arme à la main, lançant des regards menaçants, parfois même tirant en l’air « pour le plaisir » ou pour intimider.
Un habitant de Delmas, qui a préféré garder l’anonymat, confie :
« On ne sait plus qui craindre. Le gang ou le policier ? Quand un agent vous regarde de travers parce que vous avez klaxonné, il suffit qu’il soit mal luné pour sortir son arme. »
Plus grave encore, des témoignages font état d’exécutions sommaires menées par certains agents, en représailles ou pour « venger » un proche, en dehors de tout cadre légal. Ces actes s’ajoutent aux violences rapportées dans les clubs nocturnes ou lors d’événements publics, où des policiers en civil, souvent sous l’effet de l’alcool, se battent ou dégainent leur arme à la moindre provocation.
Une situation qui alarme les défenseurs des droits humains et érode profondément la confiance de la population envers la PNH.
« La police ne doit pas devenir une autre source d’insécurité. On ne peut pas tolérer que des agents se comportent en miliciens ou en justiciers privés. L’impunité alimente la violence, même quand elle porte un uniforme », déclare une militante d’une organisation de veille citoyenne.
Dans un pays aussi fragilisé qu’Haïti, où la population vit déjà sous la menace constante des gangs armés, cette dérive de certains policiers est non seulement inacceptable, mais aussi dangereuse pour la stabilité institutionnelle. Car si la confiance dans les forces de l’ordre s’effondre, c’est tout l’édifice républicain qui vacille.
Les institutions concernées, en premier lieu l’Inspection Générale de la PNH et le Ministère de la Justice, sont appelées à agir avec fermeté et transparence. Le recrutement, la formation, le suivi psychologique des agents, ainsi que les mécanismes de contrôle interne doivent être profondément réévalués.
La police haïtienne ne peut pas se permettre de devenir l’ombre d’elle-même. Dans un pays assoiffé de justice et de paix, elle doit redevenir un rempart, non une menace.
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