ZAPORIZHZHIA (Ukraine) – Une nouvelle phase critique du conflit s’ouvre dans le sud de l’Ukraine. Selon plusieurs sources concordantes, les forces russes auraient brisé une section stratégique du front dans la région de Zaporizhzhia, après plusieurs jours d’assauts intensifs. Face à cette avancée brutale, les autorités ukrainiennes mobilisent ce qui reste de leurs réserves opérationnelles pour tenter de contenir la poussée.
Une ligne de front soumise à une pression extrême
Depuis des semaines, le secteur sud du front ukrainien est la cible d’attaques répétées. Mais c’est au cours des dernières 48 heures que la situation a basculé. Des unités russes appuyées par de l’artillerie lourde et des frappes aériennes guidées ont mené une offensive coordonnée contre plusieurs positions ukrainiennes au sud de la ville de Zaporizhzhia.
Des rapports sur le terrain font état de retraits tactiques côté ukrainien dans certaines zones, et de combats particulièrement violents autour des localités de Robotyne, Verbove et Novoprokopivka — des secteurs déjà affaiblis par l’intensité des combats de ces derniers mois. Des témoins militaires ukrainiens évoquent une « ligne de front pulvérisée » par la violence des frappes russes et le rythme imposé par les assauts.
Kiev mobilise ce qu’il reste
Face à cette avancée, le haut commandement ukrainien a donné l’ordre de redéployer des bataillons de réserve, jusque-là stationnés dans l’ouest du pays ou en récupération après des opérations précédentes.
Cette décision reflète un niveau de tension rarement atteint depuis le début de la guerre à grande échelle en 2022. Dans certaines unités, des soldats épuisés, blessés ou à peine rééquipés sont rappelés au front. Un commandant de brigade, sous couvert d’anonymat, a déclaré :
« On se bat encore, mais nos lignes s’amincissent. Ce n’est plus seulement une question de munitions, mais d’hommes. »
Pourquoi Zaporizhzhia est si stratégique
La région de Zaporizhzhia ne représente pas seulement un couloir logistique majeur entre la Crimée annexée et le Donbass occupé. Elle est aussi devenue, depuis la contre-offensive ukrainienne de 2023, un symbole de résistance et de reconquête.
Le village de Robotyne, par exemple, avait été présenté comme une percée ukrainienne vers le sud l’an dernier. Voir aujourd’hui ces mêmes zones retomber sous le feu ennemi, voire passer partiellement sous contrôle russe, représente une reculade difficile à encaisser, à la fois pour l’armée et pour l’opinion publique.
La Russie en position de force relative
Du côté russe, les autorités parlent d’une avancée « significative », sans pour autant revendiquer un contrôle total de nouveaux territoires. Les analystes militaires estiment que Moscou cherche moins à s’enfoncer profondément dans les lignes ukrainiennes qu’à épuiser les ressources humaines et matérielles de Kiev. La stratégie semble être celle de l’attrition, en multipliant les offensives locales, au moment où l’Ukraine peine à reconstituer ses forces et à stabiliser son soutien international.
Un ancien officier russe interrogé par la presse indépendante affirme :
« Nous ne cherchons pas une percée spectaculaire, mais à élargir l’usure. Plus leurs bataillons sont entamés, plus notre rapport de force devient favorable. »
Un climat de fatigue, mais pas de résignation
Si la situation à Zaporizhzhia est alarmante, elle n’est pas encore irréversible. L’Ukraine, malgré la fatigue évidente de ses troupes et les retards dans l’aide militaire étrangère, continue à défendre chaque mètre de terrain, souvent au prix de lourds sacrifices. Des renforts ont été signalés en direction du sud, et plusieurs unités d’artillerie auraient été repositionnées pour ralentir l’avancée russe.
Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le président Volodymyr Zelensky a salué « le courage et l’endurance » des soldats présents sur le front sud, tout en appelant la communauté internationale à accélérer les livraisons d’équipements critiques, notamment les munitions d’artillerie, les drones et les systèmes anti-aériens.
L’offensive russe à Zaporizhzhia ne marque peut-être pas une percée stratégique majeure, mais elle rappelle une vérité brutale : le conflit est loin d’être gelé. Il continue à évoluer, à s’intensifier par vagues, et à imposer des coûts humains terribles.
La « ligne pulvérisée » évoquée par des soldats sur le terrain n’est pas qu’un terme tactique : c’est aussi une métaphore d’une guerre qui érode les forces et les esprits, sur les deux rives du Dniepr.