Le Destin Implacable : L’Exécution de René Péan et la Chute de Lemoine et Madiou

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Le Destin Implacable : L’Exécution de René Péan et la Chute de Lemoine et Madiou

Par Wilner Nau New Jersey, États-Unis 14 février 2025

René Péan, un entrepreneur de pompes funèbres, fut accusé du meurtre d’un membre du corps des Volontaires de la Sécurité Nationale (VSN). L’assassinat s’était déroulé en plein jour, sous les yeux de témoins horrifiés. Péan, pris sur le fait, avoua immédiatement son crime et plaida coupable.

Après son arrestation, il subit de terribles mauvais traitements en détention. Son épouse, bouleversée, se rendit à Port-au-Prince pour plaider devant les autorités qu’il s’agissait de légitime défense. Contre toute attente, celles-ci ordonnèrent sa libération. Mais au Cap-Haïtien, la nouvelle déclencha une tempête de rumeurs. On murmurait que la femme de Péan avait déboursé une fortune pour obtenir la clémence des autorités.

Furieux, le commissaire du gouvernement Jean Valbrun décida d’agir. Il se rendit à Port-au-Prince pour convaincre personnellement le président François Duvalier que René Péan était un opposant dangereux et un ennemi juré du VSN. Il affirma que laisser Péan en liberté après avoir tué un membre du régime enverrait un message dévastateur et saperait le moral des forces de sécurité.

Duvalier, sensible à ces arguments, consulta ses plus proches collaborateurs : le lieutenant-colonel Joseph C. Lemoine, commandant du département militaire, et le chef de la police, Serge Madiou. Les deux hommes ne laissèrent aucun doute : il fallait faire un exemple. L’exécution publique de Péan serait une démonstration de force, une leçon à tous ceux qui oseraient s’attaquer à l’autorité de l’État.

Le président Duvalier donna son accord pour l’exécution publique.

Un Jugement Sommaire et une Exécution Sans Appel

Jean Valbrun organisa alors un « comité civilo-militaire » composé de lui-même, du préfet de l’arrondissement Louis Durand, du colonel Charles Lemoine et du capitaine Serge Madiou. Ce tribunal d’exception, dépourvu de toute légitimité légale, prit sa décision en quelques instants. Péan devait mourir.

La veille de son exécution, une rencontre brève mais lourde de sens eut lieu entre Péan et ses bourreaux. Le matin suivant, le destin du condamné fut scellé.

Une photographie de l’époque immortalisa le moment : le père Coignard, curé de la cathédrale, entouré de Tontons Macoutes, recueillait la confession de Péan. Robert Cox, chef de la milice du Cap, attachait le condamné au poteau d’exécution, sous le regard impassible d’un milicien surnommé Ti-Raymond. Peu après, le lieutenant Roland Chavannes arriva avec son peloton d’exécution.

Le mardi 16 février 1965, René Péan fut sommairement fusillé. Il n’y eut pas de procès formel, mais son crime avait déjà été avoué et corroboré par des témoins. Aucun juge, aucun avocat, aucun jury ne furent présents. Son sort avait été décidé bien avant qu’il ne puisse espérer une quelconque clémence.

Le Retour du Destin : La Chute de Lemoine et Madiou

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Deux ans plus tard, le 8 juin 1967, le même régime que ces hommes avaient servi avec zèle se retourna contre eux.

Le colonel Joseph C. Lemoine et le capitaine Serge Madiou furent accusés de complot contre le président Duvalier. Jugés dans une parodie de justice encore plus expéditive que celle qu’ils avaient orchestrée contre Péan, ils furent condamnés à mort. Leur exécution eut lieu avec une brutalité implacable, comme un écho sinistre de leur propre passé.

Ainsi, ceux qui avaient condamné Péan au nom de la loi du plus fort furent eux-mêmes broyés par la machine répressive qu’ils avaient servie. L’histoire, implacable, avait bouclé la boucle.

Leur destin fut la preuve éclatante qu’en Haïti, sous Duvalier, personne n’était à l’abri de la terreur—pas même les serviteurs les plus fidèles du régime.

ENGLISH.
The Inescapable Fate: The Execution of René Péan and the Downfall of Lemoine and Madiou

By Wilner NauNew Jersey, USAFebruary 13, 2025

René Péan, a funeral entrepreneur, was accused of murdering a member of the National Security Volunteers (VSN). The killing occurred in broad daylight, in front of horrified witnesses. Caught red-handed, Péan immediately confessed to his crime and pleaded guilty.

After his arrest, he endured severe mistreatment in detention. His distressed wife traveled to Port-au-Prince to plead his case before the authorities that it was self-defense. To everyone’s surprise, they ordered his release. But in Cap-Haïtien, the news triggered a storm of rumors. It was whispered that Péan’s wife had paid a fortune to secure his freedom.

Enraged, Government Commissioner Jean Valbrun took action. He traveled to Port-au-Prince to personally convince President François Duvalier that René Péan was not only a dangerous opponent of the regime but also a sworn enemy of the VSN. He argued that allowing Péan to escape justice after killing a regime member would send a devastating message and undermine the morale of the security forces.

Duvalier, convinced by these arguments, consulted his closest collaborators: Lieutenant Colonel Joseph C. Lemoine, commander of the military department, and Police Chief Serge Madiou. Both men left no doubt—an example had to be made. Péan’s public execution would serve as a demonstration of power, a lesson to anyone who dared challenge the authority of the state.

The president gave his approval for the public execution.

A Summary Judgment and an Execution Without Appeal

Jean Valbrun then convened a “civil-military committee” composed of himself, District Prefect Louis Durand, Colonel Charles Lemoine, and Captain Serge Madiou. This makeshift tribunal, devoid of any legal legitimacy, reached its decision in mere moments. Péan had to die.

The night before his execution, Péan met briefly with his executioners. The next morning, his fate was sealed.

A photograph from the time captured the moment: Father Coignard, the cathedral priest, surrounded by the Tontons Macoutes, hearing Péan’s last confession. Robert Cox, the head of the Cap militia, tied the condemned man to the execution post while a militiaman known as Ti-Raymond looked on impassively. Shortly after, Lieutenant Roland Chavannes arrived with his firing squad.

On Tuesday, February 16, 1965, René Péan was summarily executed. There was no formal trial, but his crime had already been confessed to and corroborated by witnesses. No judge, no lawyer, no jury—his fate had been decided long before he could hope for any clemency.

The Inevitable Turn of Fate: The Fall of Lemoine and Madiou

But the story does not end there. Two years later, on June 8, 1967, the very regime these men had zealously served turned against them.

Colonel Joseph C. Lemoine and Captain Serge Madiou were accused of plotting against President Duvalier. Tried in a sham trial that was even more expeditious than the one they orchestrated against Péan, they were condemned to death. Their execution was carried out with brutal efficiency, a chilling echo of their own past actions.

Thus, those who had condemned Péan in the name of brute force were themselves crushed by the same repressive machinery they had once served. History had come full circle.

Their fate stood as undeniable proof that in Haiti, under Duvalier, no one was safe from terror—not even the regime’s most loyal enforcers.
René Josué

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