Par Antonio
À mesure que s’éloigne la promesse d’un retour à l’ordre constitutionnel, Haïti s’enfonce dans une transition sans fin, marquée par la peur, la méfiance et les jeux politiques. Le Conseil présidentiel de transition (CPT), censé préparer le pays à des élections libres avant le 7 février 2026, peine à convaincre. Entre insécurité chronique, chaos institutionnel et manipulations politiques, beaucoup voient dans cette transition non pas un chemin vers la démocratie, mais une manœuvre pour gagner du temps et préserver des intérêts particuliers.
Un pays pris en otage par la peur et les gangs
Sur le terrain, la réalité dépasse le discours officiel.
À Port-au-Prince comme dans plusieurs régions, les gangs contrôlent désormais l’essentiel du territoire : ils taxent, décident, interdisent, déplacent. Des milliers de familles ont fui leurs maisons, des écoles ont fermé, des marchés ont été incendiés. Dans cette atmosphère de peur, l’idée même d’organiser des élections paraît irréelle.
« Comment voter quand on ne peut même pas sortir de chez soi ? », lance une habitante de Carrefour-Feuilles, dont le quartier est passé sous le contrôle d’un groupe armé depuis des mois.
Les zones dites “rouges” s’étendent de jour en jour, et les autorités, souvent absentes, se contentent d’appels à la patience.
Le CPT entre promesses et blocages
Créé pour sortir Haïti du vide institutionnel, le Conseil présidentiel de transition s’est rapidement enlisé dans ses propres contradictions.
Composé de représentants issus de divers secteurs politiques et sociaux, le CPT s’était engagé à restaurer un climat de confiance et à poser les bases d’élections crédibles.
Mais un an après sa mise en place, le constat est amer : aucune avancée concrète sur le plan électoral, pas de calendrier clair, et une communication souvent floue sur les réelles intentions des membres du conseil.
Certains observateurs accusent le CPT de faire durer la transition à dessein, transformant la mission de sauvetage national en opportunité politique.
« On a remplacé un pouvoir sans légitimité par une transition sans horizon », déplore un ancien diplomate haïtien.
Le jeu dangereux du chantage politique
Dans les coulisses, la question des élections sert désormais d’instrument de chantage.
Certains acteurs politiques conditionnent leur soutien à des postes, à des avantages ou à des promesses d’alliance.
D’autres, sous couvert de “préparer le terrain”, multiplient les déclarations sur l’insécurité pour justifier le report indéfini du scrutin.
Cette stratégie, dénoncée par plusieurs voix de la société civile, nourrit la frustration d’une population déjà à bout.
« On nous parle d’élections depuis trois ans, mais c’est toujours la même excuse : il y a les gangs, il y a l’insécurité. Oui, mais il y a surtout un manque de volonté politique », estime un enseignant de Delmas.
Le rôle ambigu de la communauté internationale
Dans cette équation complexe, la communauté internationale reste d’une prudence déconcertante.
Entre diplomatie silencieuse et calculs stratégiques, ses prises de position apparaissent souvent timides, voire complices.
Si plusieurs ambassades appellent à un retour rapide à l’ordre constitutionnel, peu d’actions concrètes sont menées pour soutenir un vrai processus électoral.
Des observateurs évoquent une forme de lassitude diplomatique, combinée à la crainte d’un effondrement complet si la pression est trop forte sur les dirigeants actuels.
Résultat : un statu quo où chacun semble attendre l’autre — pendant que le pays s’enfonce dans le désespoir.
Un horizon incertain à l’approche de 2026
Le grand mensonge de la transition, comment le CPT enterre la démocratie haïtienne ?
À moins d’un miracle politique, Haïti risque d’aborder le 7 février 2026 sans président élu.
Ce jour qui devait symboliser le renouveau démocratique pourrait devenir celui d’une nouvelle désillusion.
Le peuple haïtien, épuisé par les promesses non tenues et les crises à répétition, observe avec un mélange de résignation et de colère.
« Nous voulons voter, mais nous voulons surtout vivre », confie une jeune femme rencontrée dans un camp de déplacés à Tabarre.
Cette phrase, simple mais poignante, résume le sentiment général d’une nation qui aspire à la paix avant la politique.
Haïti se trouve à un tournant crucial.
Si la transition continue à dériver, elle risque d’enterrer un peu plus la confiance entre l’État et la population.
Entre le chantage des élites, le silence des partenaires étrangers, et la violence des gangs, le pays semble piégé dans une boucle sans issue.
Pourtant, derrière les murs de peur et les discours creux, un espoir persiste : celui d’un peuple qui, malgré tout, refuse d’abandonner l’idée d’une vraie démocratie.

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