Pétion-Ville, 11 septembre 2025 / Un vent de révolte souffle au sein de la société civile haïtienne. Dans une note de presse percutante, le Réseau Haïtien des Journalistes Anti-Corruption (RHAJAC) tire la sonnette d’alarme sur une série de pratiques jugées frauduleuses et criminelles impliquant les plus hautes sphères de l’État. Au cœur du scandale : le ministère de l’Économie et des Finances, dirigé par Alfred Fils Metellus, agissant, selon le RHAJAC, sous les ordres directs du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé.
Selon les informations collectées par le réseau, des centaines de millions de gourdes — entre 100 à 600 millions — auraient été débloqués pour alimenter des comptes bancaires nationaux et internationaux appartenant à des entreprises fictives. Ces sociétés, créées de toutes pièces, seraient proches du Premier ministre et de trois membres influents du Conseil présidentiel de transition : Louis Gérald Gilles, Smith Augustin et Emmanuel Vertilaire.
Le but présumé de ces transactions ? Acheter la loyauté politique, en vue de garantir la stabilité du pouvoir actuel au-delà de la date butoir fixée pour le départ du gouvernement de transition, prévue le 7 février 2026.
Une stratégie cynique sur fond de misère policière
Pendant que l’élite politique détourne des sommes colossales, les policiers haïtiens, eux, continuent à servir dans des conditions indignes. Nombreux sont ceux qui n’ont pas perçu leur salaire depuis plusieurs mois, d’autres tentent de survivre avec des rémunérations dérisoires. Cette situation, vécue quotidiennement par les forces de l’ordre, reflète une indifférence glaçante des dirigeants face à ceux qui risquent leur vie pour protéger la population.
« Ces manœuvres sont une insulte aux policiers et une trahison du peuple haïtien », déclare Djo vanny Michel, Secrétaire général du RHAJAC. Pour lui, il est inadmissible que l’on puisse détourner de telles sommes sous prétexte de contrats fictifs, pendant que les institutions de sécurité nationale s’enfoncent dans la précarité.
Des « passés outre » qui posent question
Le mode opératoire dénoncé est aussi préoccupant que le fond. Dans sa note, le RHAJAC accuse le ministre Alfred Fils Metellus d’avoir validé ces transferts à travers de simples ordres appelés « passés outre », un procédé administratif qui court-circuite les règles fondamentales de transparence dans la gestion des finances publiques. Cette pratique, bien que parfois utilisée dans des cas d’urgence, semble ici avoir été instrumentalisée à des fins politiques.
Le RHAJAC exige des actions concrètes
Face à la gravité des faits, le RHAJAC adresse une série de demandes précises :
- Que l’Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC) ouvre une enquête urgente au sein du ministère des Finances afin de retracer l’origine, la destination et la légitimité des montants décaissés depuis décembre 2024.
- Que la Banque de la République d’Haïti (BRH) publie la liste complète des virements bancaires effectués vers des comptes étrangers ou appartenant à des firmes ayant prétendument fourni du matériel à la Police Nationale d’Haïti (PNH).
- Que lumière soit faite sur les responsabilités individuelles des acteurs impliqués, en particulier sur les ordres signés par le ministre Metellus et les bénéficiaires des transferts.
Une affaire symptomatique d’un mal plus profond
Ce scandale, s’il est confirmé par des enquêtes indépendantes, illustre une réalité amère : l’instrumentalisation des institutions à des fins politiques n’a jamais réellement cessé en Haïti. L’État, censé être garant de l’intérêt général, semble ici utilisé comme un outil de maintien du pouvoir personnel. Et pendant ce temps, les véritables serviteurs publics — enseignants, médecins, policiers — sont laissés pour compte.
Le RHAJAC en première ligne
Dans ce contexte explosif, le RHAJAC réaffirme sa mission : alerter, dénoncer et mobiliser l’opinion publique, tant nationale qu’internationale. Fidèle à sa vocation, le Réseau appelle à une vigilance constante et à une solidarité accrue autour de la lutte contre la corruption, qui demeure l’un des plus grands freins au développement d’Haïti.
« Il est temps de briser ce cercle vicieux où la corruption tue l’espoir, dévaste les institutions et pousse les jeunes à fuir leur pays », conclut Djojvanny Michel.
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