Port-au-Prince, 4 novembre 2025 —
Le journaliste d’investigation Djovany Michel a lancé lundi soir un cri d’alarme bouleversant. Dans un message publié sur son compte officiel, il affirme être la cible de menaces de mort répétées et de tentatives d’intimidation après avoir publié une série de révélations mettant en cause Philippe Bayard, PDG de la compagnie aérienne Sunrise Airways.
« Je dénonce publiquement les graves menaces de mort et tentatives d’intimidation que je subis depuis mes révélations sur Philippe Bayard », écrit-il dans un message qui a rapidement circulé sur les réseaux sociaux.
Des révélations explosives sur Sunrise Airways
Selon Djovany Michel, ses enquêtes auraient mis au jour une dette de plusieurs millions de dollars américains que la compagnie devrait à l’État haïtien. Il évoque aussi une possible implication de Sunrise Airways dans l’attaque armée contre l’aéroport international Toussaint Louverture, survenue il y a quelques mois, un événement qui avait conduit à la suspension de tous les vols commerciaux sur Haïti, à l’exception de ceux opérés par Sunrise.
« J’ai révélé l’existence d’une dette colossale et d’un système visant à instaurer un monopole du transport aérien en Haïti », précise le journaliste, dénonçant un service médiocre à des prix excessifs qui, selon lui, profiterait d’un contexte d’insécurité et de chaos administratif.
Des menaces explicites et glaçantes
Depuis la publication de ces informations, la vie du journaliste est en danger. Djovany Michel dit avoir reçu des appels anonymes au ton menaçant. Dans son tweet, il rapporte l’un de ces messages :
« Djovany, n’importe où tu es, on va te trouver et te couper la langue si tu ne retires pas tes accusations sur Sunrise. »
Ces propos, d’une violence crue, illustrent la situation extrêmement précaire des journalistes d’investigation en Haïti. Dans un pays où la liberté de la presse reste l’un des derniers contre-pouvoirs face à la corruption, chaque révélation devient un risque vital.
Appel à la communauté internationale
Face à la gravité de la situation, le journaliste a sollicité une protection urgente et appelé à une enquête internationale. Il interpelle notamment l’ONU, l’UNESCO, Reporters Sans Frontières (RSF), l’OEA, ainsi que le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ), les invitant à se pencher sur son cas.
« J’alerte l’opinion publique nationale et internationale sur ces menaces visant à faire taire la vérité », déclare-t-il.
Des organisations locales de défense des droits humains et plusieurs confrères ont déjà exprimé leur solidarité avec Michel, dénonçant une atmosphère d’impunité totale où « les journalistes deviennent des cibles simplement pour avoir fait leur travail ».
Une atteinte directe à la liberté de la presse
L’affaire Djovany Michel met une nouvelle fois en lumière les dérives inquiétantes du climat de peur dans lequel évoluent les professionnels des médias en Haïti. Ces dernières années, plusieurs reporters ont été victimes de violences, d’arrestations arbitraires ou ont dû fuir le pays pour échapper à des représailles.
Pour de nombreux observateurs, cette situation illustre la faillite de l’État à protéger ses citoyens et l’absence de volonté politique pour défendre la liberté de la presse, pourtant garantie par la Constitution haïtienne.
Un collègue de Michel, joint par téléphone, confie :
« Djovany a toujours travaillé avec rigueur et courage. Le voir menacé de mort pour avoir exposé des faits économiques, c’est un message clair : en Haïti, dire la vérité dérange ceux qui profitent du désordre. »
Un combat pour la vérité et la survie
Alors que la peur s’installe dans les rédactions, le courage de Djovany Michel résonne comme un symbole de résistance. Il incarne cette génération de journalistes qui, malgré les risques, continuent de questionner le pouvoir et de défendre l’intérêt public.
Son cri d’alarme dépasse son propre sort : il rappelle que la liberté de la presse est le dernier rempart contre l’effondrement démocratique.
« Je ne cherche ni la gloire ni le conflit, mais simplement à informer. Si ma voix dérange, c’est parce qu’elle porte la vérité », confie-t-il à ses proches.
En Haïti, enquêter est devenu un acte de bravoure.
Et face aux menaces, le journaliste Djovany Michel choisit de ne pas se taire — pour que la vérité, elle, continue de voler plus haut que la peur.
