Par Antonio
Kaboul – C’est dans le silence inquiétant de la nuit que la terre a grondé, secouant violemment les provinces orientales de l’Afghanistan, à la frontière du Pakistan. En quelques secondes, des centaines de maisons en terre crue se sont effondrées comme des châteaux de cartes, ensevelissant familles, enfants, vieillards. Le bilan provisoire, tragique, fait déjà état de plus de 800 morts et 2 500 blessés, selon les autorités afghanes. Un chiffre qui pourrait encore s’alourdir au fil des heures.
Le séisme, d’une magnitude estimée à 6,8 sur l’échelle de Richter, a été ressenti dans plusieurs régions du pays, déclenchant des scènes de panique dans les villes comme dans les campagnes. Dans certaines zones montagneuses, des glissements de terrain ont coupé les routes, compliquant considérablement l’acheminement des secours.
« Nous étions en train de dormir quand la maison a commencé à trembler. Les murs sont tombés sur nous. Mon frère est mort sur le coup. Ma mère est toujours sous les décombres. »
— Hamidullah, survivant, habitant de la province de Khost.
Une course contre la montre pour sauver des vies
Depuis les premières secousses, les équipes de secours – composées de volontaires, de personnel humanitaire, et de quelques unités des autorités locales – tentent de fouiller les décombres à mains nues. Faute d’infrastructures et d’équipements adaptés, les opérations sont lentes, éprouvantes, et parfois désespérées.
Dans les villages les plus reculés, l’aide met des heures, voire des jours à parvenir. Les routes de montagne, déjà en mauvais état, ont été totalement obstruées par des éboulements. Des hélicoptères tentent de déposer des vivres, des tentes, et du matériel médical, mais leur nombre reste insuffisant face à l’ampleur du désastre.
Les hôpitaux des provinces touchées, déjà fragilisés par des années de conflits et de pénuries, sont débordés. À l’hôpital de Gardez, des blessés jonchent les couloirs, certains attendant depuis des heures d’être pris en charge. Médecins et infirmiers manquent de tout : médicaments, matériel de chirurgie, poches de sang.
« Nous essayons de faire face, mais nous manquons de tout. Ce drame dépasse nos capacités. »
— Dr. Zainab Rahimi, chirurgienne à l’hôpital provincial.
Une population à bout, un pays en détresse
Ce séisme vient frapper un pays déjà durement éprouvé. L’Afghanistan traverse une crise humanitaire majeure depuis la prise de pouvoir des talibans en 2021. L’économie est à genoux, la population souffre de pauvreté extrême, et l’accès à l’aide internationale est devenu plus complexe. Dans ce contexte, la catastrophe naturelle prend une dimension encore plus dramatique.
Malgré les tensions diplomatiques, certains pays voisins, comme le Pakistan et l’Iran, ont d’ores et déjà proposé leur aide. Des ONG présentes sur le terrain, comme la Croix-Rouge, Médecins Sans Frontières ou le Croissant-Rouge, tentent de coordonner leur réponse d’urgence avec les autorités locales, souvent débordées.
Le deuil, la colère, et l’attente
Dans les villages dévastés, la douleur se mêle à l’impuissance. Les habitants creusent encore dans les gravats, à la recherche de proches disparus. Les larmes coulent en silence sur des visages poussiéreux, marqués par le choc et la fatigue. L’odeur de la mort commence à envahir certaines zones où les corps restent coincés sous les débris.
« Nous avons perdu nos enfants, nos maisons, et nos espoirs. Il ne nous reste plus rien. »
— Fatima, mère de famille dans le district de Barmal.
Alors que les heures passent, chaque minute compte pour les survivants encore piégés sous les ruines. Mais pour nombre d’Afghans, ce nouveau drame n’est qu’un chapitre de plus dans une histoire déjà marquée par les guerres, l’exil, et les catastrophes.
